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Article republié par The Conversation et republié sur CIDES34
Article publié sur The Conversation. Cliquez sur ce lien.Et l’on découvrit que la Méditerranée était devenue une mer de plastiques

5 250 milliards, c’est le nombre de particules plastiques qui flottent à la surface des mers et des océans du monde, soit l’équivalent de 268 940 tonnes de déchets. Des fragments qui circulent au gré des courants, avant d’échouer pour une partie sur les plages, les îles, les atolls de récifs coralliens ou encore dans l’un des cinq « gyres » océaniques, dont le plus grand et plus connu se situe dans l’océan Pacifique nord. La majorité de ces déchets existe sous forme de microplastiques, c’est-à-dire de déchets d’une taille inférieure à 5 mm. Ces micro-déchets sont constitués d’un assemblage hétérogène de pièces qui varient en taille, forme, couleur, densité et composition chimique. Parmi eux, la plupart dérivent en mer avant d’être détérioriés, un processus qui peut prendre entre 100 et 1 000 ans. On distingue les microplastiques primaires, libérés sous forme de petites particules plastiques – microbilles contenus dans les cosmétiques, fragments textiles… – des microplastiques secondaires, qui proviennent surtout de la dégradation des gros déchets plastiques en milieu marin – comme les sacs plastiques à usage unique. Selon les experts de l’Ifremer, 700 tonnes de déchets se déversent chaque jour en mer Méditerranée qui représente l’une des régions les plus impactées par la pollution marine, plastique tout particulièrement.
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Un bassin particulièrement vulnérable
Du fait de son caractère de mer semi-fermée, la Méditerranée connaît une exposition plus forte que les océans : le taux de renouvellement de ses eaux est de 90 ans alors que la persistance des plastiques est, elle, supérieure à 100 ans. Entre 1 000 et 3 000 tonnes de plastiques flottent actuellement à la surface (fragments de bouteilles, sacs, emballages, fils de pêche…), provenant en grande partie des zones d’accumulation des villes côtières, des zones à forte activité touristique et des décharges à ciel ouvert. La majeure partie de la pollution méditerranéenne provient des 250 milliards de fragments de microplastiques qui s’y trouvent, selon les estimations de l’Expédition MED. Un problème exacerbé par d’autres facteurs : les côtes densément peuplées, le tourisme fortement développé, le passage de 30 % du trafic maritime mondial et les apports supplémentaires des déchets par les rivières et les zones très urbanisées. En Méditerranée, 95 % des déchets marins sont en plastique, ce qui a mené certains experts à la qualifier de sixième grande zone d’accumulation de déchets marins au monde, après les cinq gyres océaniques.Des conséquences encore mal connues

Les bactéries, colons des microplastiques
Le rôle des déchets plastiques dans le développement de problèmes de santé demeure par ailleurs incertain, par manque de connaissances sur le niveau d’exposition aux contaminants dus aux déchets plastiques, et sur les mécanismes par lesquels les produits chimiques absorbés par le plastique sont ensuite transférés aux humains et aux espèces marines. Mais les bactéries, c’est avéré, colonisent intensément les microplastiques, comme le révèle une étude publiée en 2018 dans la revue Environmental Pollution par l’équipe scientifique du chercheur Jean‑François Ghiglione de l’observatoire océanologique de Banyuls. De véritables écosystèmes microscopiques (bactéries, virus, micro-algues, micro-prédateurs) se développent à la surface des fragments, posant des questions sur l’entrée probable de ces molécules dans la chaîne alimentaire. « Les bactéries adorent vivre sur les plastiques. On en trouve en grande quantité, avec une biodiversité très importante, voire plus importante à volume équivalent que dans l’eau de mer », souligne Jean‑François Ghiglione. Des groupes de bactéries inattendus ont ainsi été révélés, tels que certaines cyanobactéries vivant habituellement dans les sédiments, qui sont très abondantes sur les plastiques récoltés à la surface de la mer. « Un des problèmes majeurs de la pollution plastique est la dispersion d’espèces invasives, qui s’accrochent sur des radeaux artificiels et peuvent parcourir de très longues distances. Ces espèces peuvent modifier durablement les écosystèmes qu’ils colonisent », indique le chercheur du CNRS.À lire aussi : Des emballages qui ne polluent pas, ça existe !
Éviter la surenchère
Au-delà des aspects scientifiques, l’enjeu des plastiques en mer est aujourd’hui de sensibiliser. Les images de sacs plastiques, bouteilles et autres déchets flottants font le tour des médias et des réseaux sociaux, suscitant l’émotion et l’indignation des citoyens. Un emballement médiatique positif mais souvent trop hâtif, avec des informations et des chiffres non vérifiés. Il s’agit, pour la fondation Tara, de travailler sur une base scientifique robuste, en respectant la science et en évitant de jouer la surenchère sur le danger potentiel des plastiques en mer. L’océan est sous pression mais le catastrophisme et les images anxiogènes ne contribuent pas toujours à l’avancée concrète des solutions avec les différentes parties prenantes. Des solutions sont possibles à terre, grâce à une économie circulaire, au recyclage, à la réutilisation des ressources et à la transition vers des emballages éco-conçus et non polluants.Tous les numéros de « La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports » sont disponibles sur le site dédié.


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