Un Pifasse et deux commissions

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Grâce un mail reçu récemment, nous avons pu nous connecter au portail vidéo de l’Assemblée Nationale. Pendant plus d’une heure, les parlementaires ont débattu publiquement sur un sujet grave touchant la santé publique avec les présidents des Commissions concernées : Affaires sociales (Mme Charlotte Parmentier-Lecocq) et Développement Durable (M. Jean-Marc-Zulesi), députés membres du parti « Renaissance », M. Cyrille Isaac-Sibille, rapporteur (Député Modem et Indépendants). Le rapport qui émeut les députés membres de la commission et ceux venus s’informer est le rapport de l’IGEDD du ministère chargé de l’environnement et du développement durable. La publicité donnée à ce rapport dans la presse a enfin levé le couvercle d’omerta sur une famille de produits chimiques de synthèse, les per-et-polyfluoroalkylées (les PFAS ou « Pifasses »).

L’ODAM est statutairement chargé de veiller sur l’environnement et la santé des citoyens de cette métropole et il est membre du CIDES34, statutairement chargé de la même mission mais qui couvre le département de l’Hérault.

Quelques points du débat en commission à l’Assemblée nationale

Nous n’allons pas résumer plus d’une heure de retransmission. La production de Pifasses par synthèse chimique et les rejets des usines chimiques (la Vallée de la Chimie entre Lyon et Pierre-Bénite, entre autres) sont le résultat d’une activité économique importante, le site de l’ANSES nous explique aussi les dangers pour l’humanité (nous citons) :

« Que sont les PFAS et où les trouve-t-on ?

Les substances per- et polyfluoroalkylées, également connues sous le nom de PFAS, sont une large famille de plus de 4000 composés chimiques. Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, les PFAS sont largement utilisées depuis les années 1950 dans divers domaines industriels et produits de consommation courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, produits phytosanitaires, etc. »

Ces substances chimiques sont très nombreuses et varient selon le nombre de carbones qui les constituent. Plus elles contiennent de carbone et plus elles sont persistantes dans l’environnement. L’une des sous-familles les plus connues sont le PFOA (acide perfluorooctanoïque) et le PFOS (sulfonate de perfluorooctane), ces derniers étant les plus persistants dans l’environnement.

Les aliments, en particulier avec les produits de la mer, constituent des sources conséquentes d’exposition de l’Homme à ces composés. Pour les aliments courants, les concentrations les plus élevées de PFOA et PFOS sont retrouvées dans les crustacés et les mollusques. L’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) peut également être une source de contamination.

La commission envisagerait l’interdiction totale des rejets de Pifasses dans l’environnement, dans l’eau en particulier, allant même à l’interdiction de leur production. Un problème mondial. Une objection : certains Pifasses sont à la base de la production de certains médicaments (un anti-dépresseur : le Prozac). On envisagerait, au cas par cas, d’autoriser certains PFAS, Selon leur « famille chimique ». Nous faisons remarquer à l’honorable parlementaire défenseur du PFAS-Prozac que les effets secondaires de ce médicament ne sont pas anodins : il y a matière à controverse. Le devenir environnemental du Prozac après son passage dans l’organisme humain ne laisse pas d’inquiéter : « La voie principale d’excrétion de la fluoxétine et de la norfluoxétine étant l’urine et jusqu’à 11 % du médicament est excrété en tant que fluoxétine non métabolisée ». Quid des effluents des hôpitaux ? À suivre dans les rejets des stations d’épuration des eaux usées !

Nos cousins canadiens nous incitent à la plus grande vigilance : lisez cet article. Drapeau canadien

Les Pifasses en Hérault

Notre secrétaire général Jacky Chanton a publié, ici, sur ce site, un article dénonçant la présence des Pifasses autour de Lattes, au sud de Montpellier. Comment ces substances sont-elles arrivées là ? Nous posons en hypothèse que, depuis la Vallée de la Chimie lyonnaise jusqu’à Montpellier et Lattes, il y a le Rhône et le canal « Philippe Lamour » (canal BRL). Lors de l’inauguration de ce canal en 1960, il y a 64 ans, qui pouvait imaginer que les Pifasses seraient gentiment véhiculés jusqu’à nous, ici, en Hérault. Le canal BRL distribue généreusement son eau depuis la prise le Rhône (entre Beaucaire et Fourques) et son arrivée au domaine melgorien de « la Banquière », près de la limite avec Montpellier. De là, il compense l’étiage du Lez et alimente des stations de potabilisation d’eau (eau destinée à la consommation humaine ou EDCH). La question qu’on est en droit de poser est celle de l’élimination des Pifasses dans ces stations et de leur dépôt dans les sols irrigués si généreusement par l’eau du Rhône ?

À suivre !

Raymond GIMILIO
Président de l’ODAM, docteur en sciences biologiques
Licencié en chimie systématique

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Raymond GIMILIO

Trésorier CIDES34

La publication a un commentaire

  1. Raymond GIMILIO

    Bonjour,
    Lorsqu’en 1966 j’ai pris mon poste de jeune enseignant en sciences naturelles à Lyon et à Vienne, j’ai longuement circulé dans la région où sévissait une industrie chimique lourde (pétrole à Feyzin, UPR et autres à Pierre-Bénite). J’ai encore en mémoire la puanteur chimique des zones que je traversais ! 59 ans après, enfin, le problème de l’industrie chimique est mis sur la table avec les pollutions dangereuses pour l’être humain.
    Je suis parti en 1967 pour étudier à Montpellier, les Pifasses m’ont rattrapé !
    Halte à la pollution de l’eau, de l’air et des sols.

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